Comité d’organisation du 1er Mai

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Michèle Künzler, les Verts

mercredi 30 avril 2008 par Claude Reymond

Bonjour à tous,

C’est au nom des Verts que je vous salue et que j’interviens devant ce lieu qui symbolise les luttes antifascistes.

À l’aune de l’histoire et des luttes du mouvement ouvrier, le parti des Verts est encore bien jeune. Même après 25 ans d’engagement politique, nous avons parfois l’impression d’être des nouveaux venus.

Cependant, j’aimerais souligner ici les valeurs communes nous défendons.

Certes, l’approche est parfois différente, mais nos valeurs sont communes. Ces valeurs qui se sont transmises au cours du temps et nous guident encore, ce sont la justice, la liberté et la dignité de l’être humain. Aujourd’hui, cette dignité de l’être humain est bafouée, ici et ailleurs. Son existence même est remise en question par le saccage de la planète. La lutte pour les droits humains est indissociablement liée à la lutte pour la sauvegarde de la planète. Car nous partageons aussi l’idée que le monde est un. La planète est une. Que vaut la richesse, si son revers est l’exploitation de millions d’êtres humains. Que vaut l’abondance, si son revers est le saccage de la nature.

Contre ceux qui ne veulent pas voir, contre ceux qui ne veulent pas entendre, la gauche et les verts mettent ainsi en évidence, l’arrière boutique du monde : l’exploitation, l’injustice, le pillage et la pollution.
Nous devons sortir de la pensée magique qui tient lieu de réflexion au monde néolibéral. Cette pensée magique est une forme de pensée infantile, qui organise et veut transformer le monde, sans tenir compte des contingences matérielles. Ne nous laissons pas intoxiquer par cette folie. Nous devons réapprendre la finitude de notre monde.

Non, les matières premières ne sont pas inépuisables, l’énergie sans entropie ça n’existe pas, Non, les objets ne se fabriquent pas tout seuls, les hommes ne sont pas des robots que l’on peut remplacer et les êtres humains ne sont pas pourvus de pièces de rechange lorsqu’ils vieillissent. Cette pensée magique habite aussi le monde de la finance, qui à chaque nouveau produit financier pense avoir trouvé la pierre philosophale, les spéculateurs se pensent sincèrement dotés de pouvoirs divins et croient pouvoir multiplier rien pour produire plus encore. Et ils sont tout surpris lorsque cela ne marche pas. La crise des subprimes est là, cette année, pour témoigner de cette pensée irrationnelle. Mais quels dégâts sur le monde réel !

Cette pensée magique qui habite de notre monde, n’est qu’un leurre.
L’envers du décor est bien sombre. L’exploitation de la nature et des êtres humains est quasiment généralisée, et cela dans le seul but du profit de quelques-uns. Les êtres humains comme la nature ne sont plus considérés que comme des marchandises. Mais que ferons-nous lorsque le dernier poisson, la dernière baleine, seront péchés, lorsque l’eau sera saumâtre et la terre asséchée, lorsque le dernier arbre sera abattu pour produire des pages de publicité, lorsque la dernière goutte de pétrole sera tarie ?

Nous allons vers des temps extrêmement durs. Des temps, où l’on préférera nourrir des voitures plutôt que des êtres humains. Des temps, où pour protéger le mode de vie de certains, on sacrifiera des régions entières de la planète et leurs habitants.

Il est donc temps de réagir, en s’inspirant de ceux qui, autrefois, sont partis lutter pour la liberté. Ils ne savaient pas s’ils remporteraient la victoire, ils ont peut-être hésité devant la difficulté de la lutte, mais sont partis quand même.

Ne nous laissons plus abuser par cette pensée magique, et affirmons qu’un autre monde est possible. Cet autre monde, cette autre manière de vivre ensemble, auquel nous aspirons est bien plus réaliste que le monde que nous font miroiter les apôtres du néolibéralisme.

Ce monde où nous voulons vivre est fait de respect pour les êtres humains et pour la nature. Plus concrètement, en ce jour de revendications des travailleuses et des travailleurs, nous demandons à ce que les salariés soient reconnus comme de véritables partenaires et puissent bénéficier d’une convention collective de travail.

La Convention obtenue dernièrement à Genève dans le secteur du bâtiment est un bon exemple de ce partenariat. Mais ces conventions sont encore trop rares, et de nombreux secteurs en sont dépourvus en Suisse. Il faut donc rendre attentif les salariés, mais aussi les entreprises sur les dangers du laisser-faire. En effet, dans un arrêt du 3 avril dernier la cour de justice européenne, estime qu’il n’y a aucune obligation à verser un salaire minimal si la convention collective de travail n’est pas déclarée d’application générale. Il est évident, que cette décision favorisera le dumping salarial qui n’est profitable qu’un tout petit nombre de patrons. Les entreprises soumises à cette concurrence effrénée ne pourront plus régater. De plus, il y a un grand risque à voir des ouvriers « détachés » transbahutés à travers l’Europe, pour travailler ici et là dans des conditions déplorables. Dans chaque pays, les conditions de salaire, de logements et de vie sociale seront remises en question. La convention collective de travail est donc aussi un geste de solidarité envers tous ceux qui viennent travailler dans notre pays. Nous devons aussi nous battre contre le dumping dans le secteur des transports. Ce dumping est nuisible à l’environnement comme aux salariés. Ce n’est que par la prise en compte du prix réel de l’énergie fossile, et le respect de conditions de travail acceptable dans le monde que nous arriverons à plus de justice et d’égalité.

Je vous invite donc, à continuer de vous engager dans la lutte pour des conventions collectives dans chaque secteur.

Vous le faites depuis longtemps, mais il s’agit de communiquer mieux de convaincre des pans entier de salariés, je pense notamment aux femmes et aux jeunes. Ils sont moins sensibles aux grandes phrases et à l’action collective. Beaucoup jeunes sont désabusés et très inquiets face à l’avenir. C’est notre rôle d’adultes, de militants, de montrer que la lutte n’est pas vaine, que autre monde est possible, que cet autre monde, c’est ici et avec nous tous qu’il se construit !

Michèle Künzler
Députée
1 mai 2008



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