Comité d’organisation du 1er Mai

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Discours de Pierre VANEK – solidaritéS

mardi 1er mai 2007 par Claude Briffod

Chères Camarades, Chers Collègues,

Le thème, décidé à l’unanimité, de ce 1er Mai à Genève, c’est le NON à la 5e révision de l’AI. Ce n’est pas un mot d’ordre abstrait, c’est une bataille de résistance - à contre-courant - pour mettre un coin dans les rouages de l’entreprise de démantèlement social en cours, sous l’impulsion de la droite patronale et plus particulièrement du parti blochérien qui en est l’avant-garde.

Cette bataille a été engagée dans un rapport de forces inégal, le lancement du référendum et son aboutissement ont dépendu de la volonté et de l’énergie de quelques petites organisations, associations, sections et unions syndicales, mouvements, sections de partis... A Genève, l’engagement de nombre de militant-e-s de forces qu’on retrouve ce 1er Mai dans la rue a été décisif et doit être salué...

Aujourd’hui, le front référendaire national est, sur le papier, très large. Pas une seule organisation de personnes handicapé-e-s ne soutient la révision. L’USS, le PSS, tous ces « grands » appareils soutiennent notre NON le 17 juin. économiesuisse, lobby patronal, qui recensait l’autre jour leur « front » à eux, en était réduit à annoncer qu’il se composait des partis bourgeois, des offices AI et des « experts »....

Mais qu’on ne s’y trompe pas, camarades, cette bataille - que nous ici, devons gagner à Genève – ne le sera que « par en-bas ». Par une mobilisation et une intervention de chacun-e d’entre-nous, sur nos lieux de travail, dans nos immeubles, dans nos quartiers, dans notre entourage, dans les bistrots où on boit le café le matin... ceci dans les 1,2,3,4... semaines qui viennent et jusqu’au 17 juin. Nous avons besoin de chacun-e, de têtes, de bras, de langues, d’argent aussi bien sûr...

Ce n’est pas une bataille facile. Certes vous trouverez de bons arguments dans nos tracts ou dépliants : des arguments sur les coupes scandaleuses de centaines de millions dans les prestations aux bénéficiaires de l’AI, sur les mesures inadmissibles de flicage au nom de la « détection précoce » qui menacent tous les salarié-e-s - dès quelques semaines de maladie déjà - et qui les livrent encore plus à l’arbitraire patronal et aux licenciements possibles, sur l’absence dans cette révision de la moindre obligation faite aux patrons de créer et d’adapter des places de travail... sur cette économie capitaliste axée sur la « compétitivité » et les profits pour les actionnaires, qui produit un monde du travail de plus en plus dur, qui « casse » de plus en plus de salarié-e-s, qui ont besoin plus que jamais des prestations de cette assurance sociale indispensable, à un moment où la droite veut en réduire arbitrairement et massivement l’accès, sur le transfert de charges en direction des collectivités locales et de l’aide sociale qu’implique cette révision... sur l’hypocrisie du discours sur la « réinsertion » à un moment où tout simplement les places de travail adéquates ne sont pas sur le « marché »... Sur l’imposture de la dette de l’AI soigneusement orchestrée par un sous-financement volontaire, dans une période où on a multiplié les cadeaux fiscaux aux plus riches....

Ainsi, nos arguments sont solides, mais, camarades... pour qu’ils se transforment en force matérielle capable de nous faire gagner cette bataille. Il faut qu’ils s’incarnent, que chacun-e s’en saisisse et surtout....

Il faut être capable de rejeter – ensemble – et avec le mépris qu’il mérite l’argumentaire mensonger, populiste, xénophobe de l’UDC... qui mènera sa campagne sur les « abus ».

Certes on pourra expliquer – statistiques à l’appui – que les fraudes dans l’AI sont bien inférieures à celles dans d’autres assurances, qu’au contraire, avec la IVe révision déjà, la vis à été serrée, au point où nombre de gens qui auraient dû recevoir des prestations de l’AI, ont été rejetés et en sont réduits à l’aide sociale...

Mais avec l’UDC, ce n’est pas d’un débat rationnel qu’il s’agit. Quand ce parti, annonce que 40% des rentes actuelles seraient abusives, qu’au-delà de la réduction déjà opérée de 30% des nouvelles rentes, il faut encore en sabrer 20%... que l’AI relève d’une « industrie de l’assistance publique » qu’il faut éliminer, que l’AI est peuplée d’une « cohorte de paresseux, de fainéants et de parasites sociaux parmi lesquels les étrangers sont particulièrement nombreux », qu’elle est peuplée aussi d’« invalides simulateurs » invoquant maux de dos ou problèmes psychiques relevant de maladies imaginaires qui ne devraient empêcher personne de travailler, quand ils expliquent qu’ils veulent en finir avec une situation où « chaque citoyen est un rentier AI potentiel » et que c’est « une bonne partie de l’électorat rouge-vert qui profite de la manne distribuée toujours plus généreusement par l’AI. »

Quand ils agitent la « balkanisation de l’AI » en invoquant le fait que nos collègues originaires de l’ex-Yougoslavie, qui travaillent dans des branches et des emplois - dont en particulier le bâtiment - où on risque bien plus de finir à l’AI que dans les hautes sphères que fréquentent les boss de l’UDC, sont plus nombreux à l’AI que leur proportion dans la population...

Quand enfin, l’UDC se targue d’être le moteur de cette révision, d’en préparer une 6e du même genre... mais en pire, et inscrit explicitement ce combat-là, dans le fil de sa lutte « victorieuse » contre les « abus » concernant l’asile et les étrangers...

Quand on entend ce discours, camarades, ce qu’il faut pour y répondre, ce n’est pas d’abord des statistiques... c’est une conscience de classe. C’est le refus de se laisser diviser, c’est la conscience que les vrais « parasites sociaux » sont dans l’autre camp, que les milliards de Blocher et de ses pairs, les dizaines de millions de « salaire » des Ospel et consorts, n’ont pas été gagnés à la sueur de leurs front, mais par l’exploitation du travail de nos frères (et sœurs !) en Suisse et ailleurs... En clair, en ce qui les concerne, tous ce qu’ils ont, ils l’ont volé !

Revendiquer qu’on arrête d’étrangler l’AI, l’AVS, l’Assurance-Chômage... qu’on garantisse un minimum élémentaire à toutes celles et tous ceux qui sont dans l’incapacité de travailler, ce n’est pas « trop » demander, au contraire – camarades – c’est la millième part de nos droits réels !